Projets de portail intranet
Pendant l’année 2000, je participe à une présentation à Seattle où je découvre une solution en plein développement bêta qui s’appelle Tahoe Serveur, les plus anciens se rappelleront !
Face aux ténors du marché comme Lotus Notes et des solutions de gestion documentaire et autres Groupware, voilà que Microsoft amène sur le marché une solution hybride que peu de personnes au départ comprennent et qui va permettre de réaliser des premières solutions intranet en autorisant une customisation assez avancée pour un large public de développeurs.
C’est le début de la Saga de la plate-forme SharePoint qui va s’imposer très largement dans le monde des entreprises comme le « framework clef » de solution portails et intranet.
Coup de génie de la part de Microsoft, la solution rencontre un succès grandissant évinçant la majorité des ténors du marché avec à la clef des arguments majeurs : Proposer une boite à outils technique et fonctionnelle importante, faire adhérer l’écosystème partenaires et développeurs qui retrouvent leurs outils de développement classiques, sans compter une intégration assez forte avec l’environnement majoritairement présent Office et Windows.
Un nouveau mode de réalisation et intégration était né, de nombreux acteurs coexisteront et les clients comprennent rapidement l’intérêt de ce type de solution où ils peuvent faire rentrer leurs besoins parfois complexes dans des customisations de produits.
L’âge d’or des intégrateurs de solutions portail est lancé.
L’exaspération des projets coûteux à faible ROI
Les projets réalisés sont parfois pharaoniques, de grands comptes dépensent des millions d’euros pour réaliser des portails complexes mêlant des besoins de communications collaboration et applications métiers.
Je me rappelle de présentations SharePoint réalisées par Microsoft en 2006 avec un slide principal présentant un couteau suisse capable de résoudre tous les problèmes liés aux processus, applications. Les projets sont rentrés dans des complexités très fortes avec du développement coûteux, des architectures parfois trop complexes, qui ne mesuraient pas totalement l’impact sur les maintenances et migrations éventuelles.
Ces projets jusqu’à il y encore très peu d’années étaient monnaies courantes, principalement pilotés par les directions informatiques avec une forte connotation technique.
C’est seulement que très récemment que le ROI de ce type de projets est devenu déterminant. Il n’est pas rare de rencontrer des clients vous expliquant avoir mis en place des solutions portail riches en fonctionnalités, coûteuses en développement avec un taux d’adoption réduit presque à néant. Ceux-ci notamment se plaignent d’une non adéquation à leurs besoins, de solutions complexes à gérer et administrer et outils en décalage avec leurs habitudes de leur vie hors professionnelle.
Le constat que l’on peut faire est assez édifiant, des portails intranet pour beaucoup d’entre eux n’ont pas assez été orientés utilisateurs, ils sont avant tout des outils technologiques conçus par des populations IT trop souvent éclairées par les capacités techniques du produit et non par les usages cibles métiers.
La fin d’un modèle tout sur mesure est arrivée à son terme et coïncide avec l’avènement des solutions business modèles SaaS.
L’arrivée du mode SaaS vu comme un modèle disruptif des solutions de portail ?
De leur côté, des éditeurs comme Salesforce, Google ont promu le mode SaaS avec une conséquence immédiate : la limitation au maximum des paramétrages et développements pour garantir une évolution et pérennité plus active de leur solution. Ce modèle a pénétré largement de nombreux comptes clients peu désireux de customiser leurs besoins.
Ce modèle est très opposé à la logique initiale poussée par Microsoft avec sa solution SharePoint depuis le début. Pendant les quatre dernières années, ces deux business modèles ont évolué avec chacun leur partisan.
Mais c’était sans compter sur la réaction forte de l’éditeur Microsoft qui a profité de son développement en entreprise avec ses suites Office et sa messagerie Exchange pour imposer son modèle cloud Office 365. Peu prisé au démarrage pour la gestion de solutions de portail collaboratif, ce modèle s’est inscrit depuis peu comme la référence dans la productivité d’entreprise et désormais des portails intranet. On peut dire à ce jour que Microsoft a très largement éclipsé Google de ce marché.
L’impact direct que l’on perçoit désormais est une vague très forte des clients qui souhaitent réaliser leur portail d’entreprise en environnement Office 365. Cela n’est pas sans impact sur l’écosystème intégrateur et les capacités d’évolution et customisation.
On peut désormais parler d’une vraie révolution, les projets d’intégration de portail complexe qui ont été largement mis en avant depuis 15 ans sont désormais révolus.
La prise de pouvoir des directions métiers face aux DSI !
L’arrivée massive du cloud et des solutions en mode SaaS ont également eu un autre impact indirect qui est souvent mal mesuré : la perte de “pouvoir” des directions informatique face aux utilisateurs et directions métiers. Le métier de la DSI a depuis radicalement changé. Il faut comprendre que désormais l’essentiel des services doit passer par le cloud et cela réduit drastiquement le domaine d’actions de ces directions. Elles doivent désormais se concentrer sur l’apport de services cloud auprès des directions métiers. Ce basculement a été fait en partie ces deux dernières années.
Les équipes métiers (COM, RH etc.) deviennent désormais les pilotes et sponsors complets des projets de portail intranet. Cela change totalement le paradigme de l’organisation de tels projets. Combien de fois, on entend dans les échanges d’avant-vente « ne développer plus rien, rester dans le standard du produit ! »
Quel choc pour un intégrateur SI classique d’entendre cela alors qu’on lui a demandé pendant des années de développer et customiser sur des frameworks comme SharePoint !
La tendance est générale, les éditeurs comme Microsoft font également machine arrière avec un discours techno totalement occulté et priorisent les usages et métiers.
Enfin ! les besoins et scénarios utilisateurs sont devenus la priorité des projets, le bénéfice usage est devenu essentiel. La prise en compte de scénarios métiers est devenue prioritaire vis-à-vis de réalisation de fonctionnalités techniques.
Quelles solutions de portail intranet sur des environnement cloud ?
Les principaux éditeurs de solution comme Microsoft l’ont bien compris. Il est désormais prioritaire de proposer des usages et scénarios métiers en lieu et place de développements couteux et customisés. Ces développements spécifiques apportent également un problème majeur : comment garantir l’évolution des développements sur un environnement cloud qui évolue au fil de l’eau et chaque jour ?
La solution est assez simple et radicale, soit vous utilisez les services clefs en main de l’éditeur qui peuvent être parfois en deçà de vos attentes, soit vous faites appel à des éditeurs de solutions dont le métier est désormais de proposer des produits à valeur ajouté sur l’environnement éditeur que vous avez choisis. Nous pouvons citer pour l’environnement Microsoft Office 365 les solutions de portail comme Powell 365, Unily etc.
Désormais l’univers de la customisation et le développement de portail vont passer par ces solutions dès l’instant que les besoins et usages proposés par les éditeurs comme Microsoft ne seront pas suffisants. L’impact est important pour un monde partenaire et intégrateur qui a construit son modèle sur le développement. Les éditeurs le savent et accompagnement fortement cette transformation digitale même dans le cadre de leur propres équipes internes.
En synthèse
Depuis 15 ans les solutions de portail sont devenues un axe important des entreprises et intégrateurs. La période 2015-2016 est une vraie année charnière, il suffit de voir les demandes clients pour se convaincre de mes propos.
L’usage est au cœur des préoccupations des clients, l’exploitation native de solution Cloud en mode SaaS telle que Office 365 est devenue un enjeu majeur de pérennité et rentabilité des services.
La part laissée au spécifique et à la customisation technique se réduit totalement pour laisser place désormais à des éditeurs apportant des services à valeurs ajoutées dans l’évolution et la maintenabilité des plateformes comme Office 365.
– Philippe Luzet Directeur général Adjoint, Expertime –